À une maille d'avoir un ordinateur
- Laurie Nantel-Doucet
- 7 déc. 2015
- 2 min de lecture
Par une froide matinée de décembre, je reçus un téléphone de ma mère me demandant un service. <<Mais que me veut-elle encore?>>, me demandais-je un peu agacée. Ne voulant pas sortir par le temps pluvieux, elle voulait que je lui rapporte un article du magasin d’artisanat tout près de chez moi. À bien y penser, j’avais de toute manière oublié mon ordinateur portable chez elle, alors il me fit un plaisir de lui accorder ce service. L’article précieusement rangé dans mon sac d’ordinateur vide, je descendis les escaliers pour me rendre dans ce moyen de transport si bruyant. Au fond, c’était un matin comme tous les autres, moi debout dans le métro, à observer les gens pris dans leur routine matinale et oubliant tout ce qui les entoure.
Rendue à mi-chemin de ma destination, un homme attira mon attention lors de son embarquement. Vêtu d’un manteau de cuir, d’où les gouttelettes de pluie coulaient encore, et d’une tuque noire sans style particulier, il prit le poteau à ma droite puis me regarda. Au premier instant, je croyais qu’il me connaissait. J’eus une fausse idée, bien sûr, car pendant la fraction de seconde durant laquelle nos regards se sont croisés, j’eus la certitude qu’il était un pur étranger. Il m’aborda :
-Avez-vous vu? C’est le déluge dehors.
Effectivement, perspicace cet inconnu! Je le regardai puis approuvai d’un coup de tête et d’un sourire poli en coin.
- À quelle station descendez-vous, mademoiselle? ajouta-t-il.
- Bientôt, répondis-je avec un soupçon de retenue dans ma voix.
M’avait-il réellement abordé avec un commentaire sur la météo? Son approche était loin de mes rêveries romanesques à l’eau de rose! Bon, plus que deux stations avant d’arriver à ma station finale.
Mais au moment où le métro s’immobilisa, l’inconnu arracha violemment mon sac et partit à courir en direction de la sortie. Rendu loin dans les escaliers menant dehors, il était maintenant trop tard pour me lancer à sa poursuite. Mais, ne l’avait-il pas trouvé bizarrement léger pour un sac avec son ordinateur?
Bien sûr, j’étais en colère d’avoir perdu mon sac et les courses de ma mère, mais le fait d’imaginer cet homme découvrir quelques balles de laine rose au lieu d’un portable me mit un sourire aux lèvres. Peut-être, comme ma mère, allait-il découvrir un nouveau loisir?
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Laurie Nantel-Doucet
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