top of page

Population changeante

  • Valérie Bastonnais
  • 12 janv. 2017
  • 3 min de lecture

Population changeante

Depuis sa rupture, il y a plusieurs années, Sophia avait choisi de refaire sa vie avec son chat dans la formidable et tranquille banlieue sans histoire de St-Barthes. La jeune femme était âgée de trente ans. Ses yeux et ses cheveux étaient du même brun clair et elle était svelte et grande. À certains égards, elle avait un air plus félin que la boule de poils caramel qui lui servait de chat.

Dans sa banlieue, tout le monde vivait de son côté, chacun pour soi. La population était sympathique mais ne pensait pas au bien d’autrui. Aider son prochain n’était pas habituel alors même qu’un sourire franc pouvait paraître suspect. Sophia avait toujours été contre cette façon d’agir et de penser, mais elle aimait trop passer inaperçue pour y changer quoi que ce soit.

Un après-midi, alors qu’elle était chez elle en train de terminer un travail qu’elle s’était donné à faire, Sophia décida de prendre une pause pour aller faire quelques courses. Son épicerie était au coin de la rue, alors elle serait de retour à ses corvées bien assez tôt. Elle se coiffa donc en vitesse et sortit sans même prendre sa voiture.

Au moment de saluer son voisin qui était en train de tondre sa pelouse, elle remarqua quelque chose d’étrange. Celui-ci avait l’air malade. Très malade! Elle le salua tout de même mais n’eut droit qu’à un regard vide en retour.

Perturbée, elle se mit en route. Curieusement, son voisin laissa tomber sa tondeuse qui était toujours en marche et décida de suivre Sophia. Rapidement, celle-ci s’en rendit compte et décida de presser le pas. Mais qu’est-ce que son voisin pouvait bien lui vouloir? Surtout que tout le monde ici n’était occupé que par leur petite vie. Puis, Sophia commença à ressentir de la nervosité. Un voisin bizarre, elle pouvait le supporter mais deux, trois, quatre?! Ils étaient tous sortis quand ils avaient vu Sophia marcher dans la rue et voilà qu’ils la suivaient! Ahurie, elle pressa le pas.

Le soulagement de la jeune femme ressenti à l’entrée de l’épicerie ne dura pas longtemps. À l’intérieur, ils avaient tous l’air aussi malades que son premier voisin. Et plus étonnant encore, ils la regardaient tous comme si elle était un monstre. Certains allaient même jusqu'à la prendre en photo! Sophia était dans un tel état d’incompréhension qu’elle décida d’appeler ses parents, ne serait-se que calmer son angoisse. Quand sa mère lui répondit, elle avait l’air si soulagée d’entendre sa fille que celle-ci en fut bouche-bée :

- Ma chérie, c’est bien toi!? Comme je suis heureuse de t’entendre!

- Maman, qu’est-ce qui se passe? Tout est tellement inhabituel ici! Dis-moi que papa et toi allez bien!

- Oui, oui, bien sûr, mais tu n’as pas su? Tout le monde dans ton quartier a été touché par une sorte de virus qui transforme en zombie. N’aies pas peur, ils ne sont pas violents, ils sont seulement moins humains.

- Quoi?! Mais pourquoi suis-je normale, moi?

- Tu ne sors jamais de chez toi, comment aurais-tu pu contracter ce virus?

- J’imagine que tu as raison. Je peux venir chez toi le temps que je me trouve un autre endroit où habiter? Je ne peux pas supporter un autre de ces regards plus longtemps.

- Sans problème ma chérie, on se voit bientôt! Hurla-t-elle avant de raccrocher.s

Le plus rapidement qu’elle le put, Sophia sortit de l’épicerie et couru jusque chez elle. Tout ça était beaucoup trop irréel. Elle avait hâte d’avoir plus d’explications de la part de sa mère. Rendue à son domicile, elle fit ses valises en quelque minutes, prit son chat et conduisit pendant cinq heures sans arrêt jusque chez sa mère. Plus jamais elle ne retournerait dans cette banlieue qu’elle détestait, de toute façon. 625 mots


Comments


Articles en vedette
Entrées récentes
Recherche par étiquette
Suivez-nous
  • Facebook Classic
  • Twitter Classic
  • Google Classic
bottom of page